
Photo : Stéphane Mahé
Figure de la scène rennaise des 80s, dont il s’est enfui bien vite, Valier a passé sa vie à brouiller les pistes. Chanteur, ermite, blousemane intense et habité, Patrick Chevalier a usé toutes sortes de livrées, de celle du dandy baudelairien à celle du rockeur fiévreux, de la redingote du poète au froc du sculpteur. Inclassable dans ses inspirations, admirateur du rock des Troggs, de la harpiste Anne Auffret comme du chanteur pirate Michel Tonnerre, il lui reste sa foi, ses tripes, le courage de ses chansons. De sa voix grave, qui joue des quarts de ton et tord la langue française dans un sens inédit, il psalmodie, il médite, il écume, il raconte... Une vie d’errances l’a mené en fin de course au bout du monde, dans les terres sauvages des Monts d’Arrée, après quelques disques publiés et une myriade de curiosités jamais sorties, semées en route comme des cailloux. Retiré d’un monde qu’il n’apprécie guère, Valier s’occupe de ce qu’il a à faire : il sculpte et chante pour lui-même, parfois pour les autres, se produisant ici et là, d’un café l’autre, s’accompagnant à la guitare sèche comme un Charley Patton de notre temps. Sur son album paru sur l’Eglise de la petite folie, réalisé par John Trap, ses chansons prennent de l’élan, une voilure inédite, et leur beauté éclate au grand jour. Valier ne s’y interdit rien, ni la new-wave bretonne de Evit beva gant Levenez ni le traditionnel parisien (reprise des Armées de la Nuit de Taxi Girl), ni l’hommage à Michel Tonnerre et Damia, deux grands oiseaux noirs de la chanson, ni le rock’n’roll garage de l’Indien ou l’extraordinaire confession de J’ai tant déçu.
La presse en parle
"On se félicite donc qu’il sorte cet album intense — son troisième, si le compte est bon —, mêlant chansons lyriques ou dépouillées, pop minérale et rock tendu, le tout porté par un chant grave et vibrant qui rappelle le Gainsbourg des débuts. De quoi, en tout cas, réinventer le réalisme et la noirceur"
Valérie Lehoux, TELERAMA
"Égaré quelque part entre la figure de crooner et de rockeur un brin poète"
LE TELEGRAMME
"Élégant, rare, poétique, sincère et singulier."
Alexandre Le Drollec, BRETONS